vendredi 20 mars 2009

L'homme qui enseignait trop peu

Suite de votre feuilleton.
Enseignant chercheur à la Sorbonne, Jean-Sébastien Bienverni, a accepté d'exercer son métier dans l'antenne d'Abou Dahbi. Deux semaines durant, il a gouté au faste de l'émirat, et il en est revenu avec une montagne de problèmes...




"Cougnamamao, sal' béké!"

Ne parlant pas le créole, je me trouve comme dubitatif face aux propos de mon ami Romain Belliez.
Venu lui demander de l'aide alors que je me sens menacé, mon collègue me laisse seul face au danger. Ce dernier est désormais engagé dans un processus révolutionnaire, et entreprend de renverser le régime en France. Tandis que j'effectuai mon stage à Abhu Dabi, Romain Belliez était lui à la Guadeloupe, où il prit des leçons de grève générale au sein du Elie Domota Institute. Désormais membre de la Cellule Cévenole pour le Communisme, le médiéviste chéri de ces dames a fait le choix d'entrer dans la clandestinité. Il ne peut donc m'aider, il me faudra donc trouver âme généreuse ailleurs. Du reste, mon collègue fut échaudé par le récit des mes récentes aventures. A peine lui avais-je annoncé que j'avais foulé le sol d'Abhu Dabi qu'il m'expédiât une biographie de Charlemagne par Jean Favier dans la face. 569 pages en pleine poire, je m'en sors avec un joli cocard. Sous le pavé, la rage.

La Police française était venue me poser quelques questions à mon retour de la péninsule arabique. Elle me proposa une protection, suite au mitraillage en règle que j'avais subi. J'ai accepté sans enthousiasme, tout en me méfiant. Si la maréchaussée s'intéressait de trop près à mon rythme de vie dans l'émirat, certain qu'elle m'aurait posé des question embarrassantes, et aurait compromis mon honneur déjà chancelant. Las! Je ne peux compter que sur moi-même.

Gwen à mon retour me fit un accueil très frais. J'avais pillé le Duty Free de l'aéroport, dans l'espoir de la ravir, mais ni les volumineux flacons de Chanel, ni les sacs Vuitton ne suffirent à la rendre heureuse. Quand elle découvrit les nombreuses marques de griffes sur mon dos conséquentes à mes ébats nocturnes torrides avec ma perle moscovite, elle pleura à chaudes larmes avant de me renvoyer à la rue.

Me voilà donc totalement livré à moi-même, menacé par des inconnus redoutablement armés. Heureusement, il me reste quelques pétrodollars, des vêtements neufs, et un Iphone tout neuf dont je ne sais pas encore me servir.

J'occupe désormais un bureau au Centre Roland Mousnier. Je dors sur mon lieu de travail, enveloppé dans un duvet, comme une saucisse dans un hot-dog. Chaque matin, je suis reveillé par Brigitte, la secrétaire, dont les effluves de parfum bon marché ainsi que la pauvreté d'esprit m'irritent profondément.

Pour m'aider à décourvir mes poursuivants, j'ai appelé Kovacs à Abou Dahbi, qui a mené sur le terrain sa propre enquête. Il m'a conseillé de me rabattre sur une étudiante en histoire présente à la Sorbonne. Cette dernière répondait au nom de Clothilde, et avait étudié l'an dernier sur l'antenne orientale de notre université. Altermondialiste, végétarienne, et proche des services secrets vénézuéliens, elle pourrait m'aider à connaitre les auteurs du complot.

J'ai rencontré cette dernière dans un café du quartier Latin. Ayant activé ses réseaux jusque dans le cercle proche d'Hugo Chavez dont elle était la maitresse occasionnelle, elle parvint à me décliner l'identité de celui qui m'en voulait. Bigre! L'amant régulier d'Anna ne m'avait pas pardonné d'avoir levé l'oeil sur la perle aux yeux de biche, et au corps de déesse.

Ainsi donc, j'étais traqué comme une bête sauvage, destinée à avoir ma tête en trophée dans le salon d'un riche oligarque russe. Mikhail Louchenko, qui blanchit des armes ou trafique de l'argent, je ne sais plus trop, attend paisiblement dans sa datcha que l'on me tue.

On ne devrait jamais aller à Abou Dahbi. On ne devrait jamais quitter Montauban, non plus.

Suite au prochain épisode.

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