mardi 22 septembre 2009

Lettre de (dé)motivation

Cher Prézident,

Je dois t'avouer mon léger agacement devant les tracasseries administratives rencontrées alors que je postule à demeurer l'an prochain dans ton université.

Il m'a été notifié qu'en plus de m'acoquiner avec un directeur de recherches, je devais t'écrire une missive dégoulinante pour te persuader de ma bonne volonté quant à mon hypothétique séjour chez toi.
Je trouve la démarche un peu désuète, pour ne pas dire croquignolesque. Une commission se réunira sous peu une fois mon dossier réceptionné pour statuer sur mon cas, savoir si oui ou non, je peux faire partie intégrante de vos meubles l'an prochain.

Me plier à cet exercice, qui consiste à sombrer dans la flagornerie, m'ennuie. Surtout qu'il est peu probable que tu lises la missive en question, tu as sans doute mieux à faire, dans ton emploi du temps surchargé, que de t'épancher sur des lettres manuscrites sirupeuses d'étudiants à l'orthographe aussi douteuse qu'un membre du cabinet de Luc Chatel.

Je t'imagine à l'écoute attentive d'un discours prononcé par un éminent sinologue lors d'un colloque où il sera question de l'influence de la pensée confucéenne en Bas-Cantal, et voir ta secrétaire, débouler en pleine amphi', les bras chargés de lettres de motivation:
-M'sieur le Président, on en a reçu une soixantaine, rien que ce matin. Faut vous grouiller, on en attend une centaine cet après-midi!

Nous savons très bien toi et moi, que c'est la commission mentionnée plus haut qui lira cette fameuse lettre, tout en analysant mon (si peu) reluisant dossier. Je les imagine déjà se gondoler à la lecture de la bafouille. -'Tain, le naze. En plus, il pue son sujet de mémoire.
Et devant la pile de dossiers d'étudiants paumés, de plier les gaules, d'aller boire un canon au Balzart, tout en pensant ému, à cette jeunesse désoeuvrée, dont l'avenir est aussi réjouissant qu'une carrière de cadre moyen chez France Telecom.

J'ai rencontré un professeur de ton université, afin de déterminer les contours de mon sujet de mémoire. Le tout avant d'entamer les inscriptions adminstratives, ce qui ne manque pas de piquant. Le type en question, dont je tairai le nom par principe, est un mec assez génial, je dois te l'avouer. Il fut enthousiasmé lors de notre entretien, à la seule idée que je fusse interessé à l'idée d'étudier l'histoire des marges. Nous avons convenu que mes recherches s'orienteraient sur les anarchistes illégalistes à la Belle époque.

C'est dire si je suis réjoui à l'idée de travailler avec le sieur en question. Et que je demeure fort peiné d'avoir à faire des courbettes pour que me l'on permette d'entamer mon deuxième cycle universitaire. Surtout que je pense avoir suffisamment douillé les trois premières années, niveau génuflexion.

Tu dois mesurer désormais mon sincère entrain quant à mon envie de vous rejoindre. Alors, je t'en prie, ne mégote pas, fais pression sur la commission en question, pour que je sois admis de plein droit chez toi, mon canard.

De plus, je suis assez accomodant comme type. Du moment, que mes études me laissent le temps de brasser un peu d'oseille à côté, et de poursuivre mon apprentissage des arts dramatiques, je ne ferais pas le diffcile, et te promets de ne pas foutre le bocson avec les oies de "Sauvons l'Université".

On m'a aussi glissé que les nanas étaient assez chouettes par chez toi. Du genre à pas faire les difficiles dès lors qu'il faut se dévêtir, à être bien balancées, et pas prises de têtes pour un rond. Que les gonzes, eux, sont tous plus ou moins affiliés à la Julien Coupat Appreciation Society, ce qui promet de belles conversations, sur la décriptiude de la société spectaculaire-marchande.

Pour conclure, je te prierais d'observer, qu'une rentrée de flouze supplémentaire avec mon arrivée, constitue un argument de poids pour m'ouvrir grand les portes de ton pénitencier.

Je te prie d'agréer mon canard, l'expression de mes salutations aussi distinguées que les agitations éthyliques de Amy Winehouse.

T'as le bonjour du frisé.