mardi 20 avril 2010

A nos anciens


Le physique ne doit jamais être l'élément déterminant pour juger de la qualité d'une personne.
Ce propos qui ne transpire pas l'originalité, et qui pourrait même faire partie intégrante d'une hypothétique anthologie des aphorismes proférés en milieu cosmétique, est toutefois à prendre en compte avant ce qui va suivre.

Fréquentant de façon (presque) assidue différents centres d'archives ou bibliothèques spécialisées en vue de la rédaction de notre mémoire, nous constatons qu'un public, résolument non estudiantin, squattent ces places avec aplomb.
Nous y trouvons évidemment des enseignants chercheurs , dont c'est le métier d'éplucher du carton, de respirer leur poussière, de s'abîmer les yeux à la vision des microfilms, et d'accessoirement snober l'étudiant honteux promis à un destin aussi reluisant qu'un Tupolev polonais en fin de vie, contenant à son bord une cohorte de bigots que le regretté Général Jarulezeski a omis de mâter.
Ceux-là, jaloux de leur position, au fait des codes parfois tortueux voire kafkaiens des lieux d'archives, s'y pointent dès potron-minet, pour n'en partir qu'à la fermeture.

D'autres personnes, étrangères au sérail universitaire, prennent également place dans ces sentiers de la création historique. Nous ne saurons les caractériser socialement parlant. Nos connaissances en sociologie sont aussi arrêtées et faibles que chez le premier étudiant en journalisme venu, et justement maltraité en ce sens par les députés européens archéo-jacobins qu'ils ont le mauvais goût de déranger entre deux piges boîteuses.

Nous constatons juste que cette fange est âgée, à jouir des émoluments de sa retraire, et se distingue par des propriétés physiques d'une homogénéité troublante. La généalogie, la curiosité, souvent malsaine, les poussent à fréquenter des lieux dont l'accès devrait nous être, si il existait une justice dans ce bas monde, exclusivement dévolu.
Le sujet féminin, caduque, offre à la vue des fesses plates, et des seins plongeants, contenues dans un ensemble vestimentaire qui a du faire des émules au temps de la République Démocratique Allemande.
Le sujet masculin, tout aussi flétri et en proie à des accès grabataires, se montre lui la ceinture abdominale rebondie, que peine à contenir un pantalon en velours défraichi, qui lui a dû être témoin de la défaite de Dien Bien Phu ou du dénouement de la Crise de Suez dans le meilleur des cas.

Nous n'entendons pas ici nous acharner sur nos ancêtres, bien que ces derniers cooptent, et perturbent à l'envi, avec leur insolite présence, la salubrité de nos travaux.
Nous n'entendons pas non plus, bien que conscients du fait, faire de ces gens qui n'ont vibré au cours de leur vie qu'à la lecture du couple académique Castelot&Decaux, ou du bonapartiste outré et outrant Max Gallo, des ennemis de classe, freinant l'avènement du socialisme.
Nous nous sommes arrêtés à quelques malheureuses considérations physiques, qui bien que partiellement dégradantes, ne sauraient préjuger de leur qualité.

Force est de constater que nos lieux de recherche, qui tiennent plus de l'hospice que de la halte garderie, avec leur fort contingent de vieux, nous amène une fois de plus à émettre la remarque suivante, à l'attention des directeurs de programmes des chaînes de télévisions.

Messieurs, adoptez une attitude plus digne envers nos aînés. Cessez de leur soumettre les sempiternelles médiocrités, l'indigence conjuguée des feuilletons policiers d'Outre-Rhin et soap-opéra d'Outre-Atlantique.

Nous n'attendrons pas la canicule pour être débarrassés du triste spectacles, de nos aînés, qui vont la démarche chancelante, l'haleine fétide, harceler l'archiviste, et nous ôter la consultation du carton de la Série F7 12844, dont nous avons cruellement besoin.

jeudi 1 avril 2010

The big mistake


La désillusion gagne les cœurs et les esprits. C'est pourtant pas faute d'avoir voulu échapper au dépit, et au répit, comme à toutes ces choses qui vont de mal en pis.
Nous sommes cernés. Un village gaulois entouré de camps retranchés. Une bourgade palestinienne face à l'irrésistible avancée des bulldozers de joyeux lurons sémites mais non moins orthodoxes. Une tribu de papous qui n'aura bientôt plus que ses formidables étuis péniens comme lot de consolation.

On s'explique. Nous pensions évoluer dans une structure où les éléments de la réaction, à défaut d'être nombreux, faisaient preuve d'une honorable discrétion. Nous songions enfin à pouvoir nous adonner à notre prosélytisme ravageur, à savoir professer le chambardement du vieux monde, la destruction totale de la société du spectaculaire-marchande, danser sur les ruines fumantes des hypocrisies contemporaines, bref, amorcer un semblant d'horizon reluisant, la société communiste, paillarde, sensuelle, mais diablement raffinée.

Nous pensions en outre terrasser l'infamie bobo, le refoulé petit-bourgeois de gauche. Que les amphithéâtres fussent le spectacle de joyeuses orgies, ou entre deux rasades de Pousse-Rapière, nous aurions disserté le cœur léger sur la façon la plus adéquate de faire sécher les tripes des méchants au soleil.

Dire que nous avons été dans l'erreur relève du plus plat euphémisme. Non que notre paradigme soit bigrement défectueux, nous y sommes désormais plus qu'attachés. C'est que la structure où nous évoluons, cette université, cette faculté, est le théâtre conforme des petitesses, et autres vilénies du Monde Moderne.

Paris I a son Lidpub, son spot promotionnel, où une bande de cruchots et cruchettes à la cervelle de mollusque assurent la promotion de la faculté, de son prétendu cadre de vie qui n'en saura jamais un.
Paris I compte encore plus d'émules de Eric Zemmour que dans l'état-major de Marine Le Pen.
Paris I voit ses plus charmantes demoiselles être séquestrées par des ordures totales, des poujadistes complets qui conjurent dans l'ombre, dissimulés sous un verni intellectuel chafouin.
Paris I a perdu Jacques Marseille. Dieu a rappelé lui l'économiste car affligé de ses sempiternelles conneries. Il a juste omis que le reste du corps enseignant ne valait pas mieux.

La question? Que foutons-nous encore entre ses murs? Les masques tombent à chaque nouvelle journée, laissant entrevoir comme sur la façade d'un vieil édifice gothique toute la pourriture amassée avec les années.


Maman, j'veux m'en aller! Ils ont enterré Jean Maitron!
Je trouverai un Master à Paris IV l'an prochain, on retournera au bercail, c'était pas si affligeant en fait. ..