dimanche 28 juin 2009

Salut l'artiste


Notre consultant têtes couronnées et têtes à claques, Mazarin Mitterand, rend hommage à celle dont nous pleurons aujourd'hui la retraite.





Préférant ne pas sacrifier son temps à des adieux douloureux, Nathalie s'en est allée retrouver sa Corrèze natale.


Dans le coeur de chacun, subsiste une pense émue à son sujet. Nathalie, habile synthèse moderne de Rosa Luxembourg et de Louise Michel, fière flibustière, incontournable batailleuse, personnalité espiègle et délicieuse, frêle naïade au minois délicat, a provoqué durant son séjour parisien bien des manifestations d'allégresse d'un public nombreux aujourd'hui terrassé par le chagrin.


Nathalie partie, c'est un ersatz d'innocence et de fraîcheur dont nous devons déplorer la perte. C'est un esprit intègre et incisif dont le manque se fera cruellement ressentir à présent que son départ vers Tulle est consommé.


Les pleurs sont nombreux chez ceux qui témoignaient pour cette jeune femme une admiration sincère, semblable à l'adoration que l'on réserve aux grands hommes.


Sensible et généreuse, impliquée de façon permanente pour la défense des opprimés de par le Monde, "mademoiselle Sage-Pranchère", comme elle fut nomée par ses élèves courtois et admiratifs, a démontré l'étendue de sa gentillesse, en soutenant moralement des étudiants meurtris par la méchanceté des gouvernants et l'absurdité d'une société rongée par les maux de l'indifférence et du mépris généralisé.


Obstinée devant la vilénie des gens de pouvoir, acquise aux idéaux les plus généreux, son combat sera désormais assumé par une relève de jeunes gens qui se souviennent la voix tremblante de sa silhouette frêle et de ses yeux pétillants.


L'incommensurable douleur dont nous sommes tous empreints dès lors que la nuit de son manteau noir vient susciter en nous une mélancolie douce et feutrée, laissera la place à une joie immense dès lors que son retour au sein de la capitale sera acquis.


En attendant, c'est le regret de ne pas avoir pu partager le temps d'une soirée, une conversation enlevée, qui est partagé par nombre de ses groupies, qui depuis la connaissance de la terrible nouvelle ont perdu l'appétit.


Les Cévenols, les maîtres de conférence lusophones, comme les autres sont endeuillés. Paris qui vit ces derniers jours au rythme d'une chaleur écrasante, se souviendra longtemps de ce chouette petit bout de femme, qui consacre désormais son temps à la prospérité future d'un potager qu'on envie en raison du soin délicat qu'elle lui porte.


Comme ses concombres et ses tomates, chacun d'entre les marauds qui l'ont cotoyée aimeraient à être frolés par ses doigts d'une émouvante finesse.


Nathalie a sa place permanente dans nos coeurs et nos esprits, la reconnaissance de ses innombrables mérites par une patrie universitaire endeuillée, démontre l'attachement indicible à sa personne au sein d'une corporation, qui n'a désormais plus que ses mirettes pour chialer.





Mazarin Mitterand, Panégéryque pour Nathalie, éditions Fayot.




mardi 23 juin 2009

Examen de conscience

Le tumulte passé, il fallut que les choses reprissent leur cours naturel.

C'est ainsi que notre vénérée institution en avait décidé.
Le ministère l'ayant sermonné comme on le fait pour un enfant turbulent, notre président, ce si fier militant, se vit contraint d'organiser une session d'examens pour les étudiants.

C'est ainsi qu'en conformité avec les conseils de l'université, fut préconisé d'organiser des épreuves raccourcies en raison des quinze longues semaines de chahut, afin de ne point trop pénaliser les étudiants.

On décida donc d'alléger le programme des révisions, qui devint rachitique. Fut aussi adoptée l'idée que la durée des examens serait sensiblement réduite.

Cinq semaines de cours plus tard, les étudiants étaient donc invités à plancher. Certains se réjouissaient de ce cas de figure, tablant sur une hypothétique indulgence du corps enseignant. D'autres craignaient que ce dernier n'en profitât pour taquiner les espérances béates de cette jeunesse tumultueuse.

Nous nagions une fois de plus dans des eaux absurdes. Mais comme nous y étions accoutumés, peu de voix s'élevèrent pour railler les palinodies du sieur Molinié, qui avait pourtant défendu une idée consensuelle, celle de la neutralisation.

On convoqua donc l'étudiant à potasser. Certaines épreuves où la durée n'excéda pas une heure furent houleuses, car à peine une idée fulgurante ayant chatouillé l'esprit, il fallait rendre copie, et céder la place à d'autres, qui étaient invités à partager le même sort.

Le taylorisme s'invita donc dans nos murs. On abattait des séries d'épreuves, comme on travaille à la chaîne, de façon industrielle, et sans intelligence.

Le plus important était que ce simulacre s'achevât dans des délais brefs.

Ceux des étudiants qui ricanaient à gorge déployée de ces absurdités furent confortés dans l'appréciation qu'ils portaient envers l'université. A savoir qu'il était temps que ce système ne tombât à terre. Et que s'érigent enfin des centres de savoirs largement accessibles, où l'on élevait les esprits, où l'on produisait autre chose que du bourgeois, ou du citoyen-chair-à-patrons.