mercredi 30 juin 2010

La Bafouille au taulier

Président adoré,

Une fois encore, j'ai été sommé de t'écrire par ton admininstration. Si je veux demeurer à la rentrée prochaine dans cette chouette Casbah qu'est l'université Paname 1, c'est une formalité impérative à accomplir. Et qui dit formalité dit absurdité, charme discret de la bureaucratie, inanité profonde de la génuflexion estudiantine. Tu me suis toujours?
Car c'est un fait avéré, tu ne liras jamais la dite bafouille, composée à grand peine, outrancièrement alambiquée pour ne vexer personne.
Aussi, je me dois de te confesser ma déception. Pas au sujet de ta boîte, bien tenue au demeurant. On pourra dire que j'ai pris mon pied cette année. J'ai tissé des liens bigrement enrichissants. Rencontré de la personne épastrouillante. Appris des choses essentielles. Je me monte un peu le chou, parfois, à force de cotoyer de la sommité intellectuelle. Je singe le thésard. Moi! Qui me suis forgé une culture générale à coup de notices Wikipedia... Pas très sérieux tout ça!

Non, je ressors de cette année universitaire, satisfait pour ne pas dire heureux. Bien que je n'aie toujours pas achevé le mémoire que je dois rendre à mon enseignant référent chéri, et que par conséquent, mon été, déjà chahuté par de peu reluisantes activités professionnelles, va s'avérer animé, riche en névroses, nuits blanches, et cuites solitaires pour faire baisser la pression. Ton major va être bien tendu.

Ce qui me vexe, dans toute cette histoire à faire de l'Histoire, c'est qu'au final, nous ne nous serons jamais croisés. A moins que je ne participe à la rentrée prochaine, à une séquestration du membre du C.A, opérée par quelques ultra-gauchisants de par chez nous, nous n'aurons sans doute jamais l'occasion de tailler le bout de gras tous les deux.
N'entretenant pas un amour absolu pour les autorités en général, ce n'est pas par flagornerie que je compte entrer en contact avec ton auguste personne. Mais par souci de réciprocité. La recherche est un exercice stimulant, prélude à se forger une conscience solide.
Et vu que tu es un peu le responsable de cet état de fait, en dirigeant le bastringue où j'exerce, j'aimerais, en signe de reconnaissance éternelle, te faire partager mes connaissances sur l'anarchisme individualiste durant l'entre deux guerres.

A première vue, je comprends que tu es les miquettes. Les anars, on veut souvent en faire une clique de détraqués, du genre sectaire, à poser des bombes entre deux sabotages de voies ferrées, mais je te jure, les miens méritent le détour. Défenseurs, voire promoteurs acharnés de l'amour libre, de l'apoilisme(ou nudisme, c'est selon), il n'y a guère que leur végétarisme pour nous faire déchanter. Apôtres de la réalisation individuelle, leurs précepts demeurent d'actualité.
Toi qui aime Tintin, à une époque où l'on veut le censurer pour racisme rétroactif, la moto, à une ère où seul le vélo concentre l'amour des masses avachies, et les pipes bourrés de tabac gris, en ces heures de tyrannie hygiéniste, se retirer de la société, fronder à son endroit à l'instar de mes anars, est une sorte de devoir qui sied à tout homme élégant. Dont nous sommes.

Alors, l'an prochain, promis, j'accomplirai un effort double. Respecter l'échéance dans la remise du travail final, et te le dédier.
Car cette somme laborieuse, aura au moins le mérite, de mettre en évidence, que du côté de Panthéon Sorbonne, on a pas le temps de s'ennuyer. Et ça, c'est bien à toi que nous le devons.

Ton major un peu tendu,
La bise.