mercredi 17 décembre 2008

Prologue


La salive aux lèvres, tu as pénétré dans cet antre du savoir.

Aujourd'hui, alors que s'achève une phase dans ton apprentissage, tu déchantes plus que tu jubiles.

Il fallait voir tes yeux d'enfants lorsque tu as foulé les pavés de cette noble institution. Aujourd'hui, tu es comme marié avec elle. Vous ne vous quittez plus, elle te poursuit jusque dans ton sommeil et dans tes rares moments de liberté.

Elle te réduit, te broie, te casse. Mais tu ne trouves pas moyen de la quitter, persuadé qu'elle constitue un élément central dans la constitution de ton avenir.

Le matin pour la rejoindre, tu te brasses à la foule épaisse des employés qui stagnent moroses dans les rames du métropolitain.

Le soir tu la quittes, et retrouves par la même occasion les gai lurons du salariat.

La journée, tu y croises tout ce qui se fait de plus intelligent. Professeurs rigides, étudiants désoeuvrés, et touristes nippons. Des types à la démarche mal assurée cherchent dans les poubelles les gobelets de café vides avec le vain espoir récupérer la consigne.

Tu ne pourras quitter cette maîtresse ingrate, qui met tes nerfs à l'épreuve, qu'en obtenant un diplôme en fin d'année, qui à coup sûr, t'ouvriras les portes de l'avenir. Précieux sésame qui te conduira vers une file d'attente de l'Agence Nationale de l'Emploi la plus proche de chez toi.

Les murs sont délabrées, la poussière s'y complait, les cloportes en tous genres y pullulent.

De cette épreuve, tu ressortiras grandi. Ou cassé. Du genre à ramasser à la petite cuillère.

Et si l'enfer commençait, ici?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire