vendredi 13 février 2009

Où sa majesté Lulu 1er opère un virage dangereux

"Il est des situations pour le moins cocasses qui prêtent aisément au sourire.

Preuve de l'impopularité croissante de notre président lilliputien, certains qui furent naguère ses serviteurs les plus zélés deviennent aujourd'hui ses contradicteurs les plus véhéments.

Lulu 1er, majesté incontestée de l'histoire moderne, en offrit un des exemples les plus étincelants.

Notre bien-aimée Sorbonne était en proie à une agitation dirigée contre la Baronne Pécresse qui entendait bousculer le train actuel des universités françaises. Pour notre ministre vénérée qui affirmait non sans culot "donner des preuves d'amour quotidiennes à la communauté universitaire", il fallait selon l'expression consacrée "faire table rase du passé".

L'enseignement supérieur en France se trouva alors dénigré avec virulence par celle-la même qui présidait à sa destinée. Conformément aux dires de notre minuscule leader, elle qualifia la recherche française de "médiocre", soutenant ainsi que dans les facultés régnaient la paresse et d' honteux gaspillages de crédits.

Il n'en fallut pas moins pour heurter la sensibilité du monde universitaire. Arguant que la France ne se plaçait qu'au dix-huitième rang mondial en matière de financement de la recherche, et que malgré le manque évident de moyens, celle-ci réussissait à se classer à un niveau très honorable, le monde universitaire ria à gorge déployée devant la méconnaissance touchante des faits de la part de la Ministre.

La plupart des réformes engagées par le gouvernement dans le domaine éducatif se trouvaient désormais toutes décriées par un très large ensemble du monde universitaire, y compris par ses éléments les moins enclins au tumulte. On ne trouva aucune voix pour soutenir les régressions annoncées, et la Fronde fut menée avec une fougue certaine par les universitaires.

Même notre Majesté s'y associa, elle qui se présentait pourtant "comme un zélateur de Monsieur Sarkozy". Lulu 1er n'était certainement pas une vermine gauchisante. Il avait même siégé au cabinet de monsieur Fillon quand celui-ci se trouvait ministre de l'éducation sous le règne de Jacques de Corrèze. Dévoué serviteur de la Droite, on lui avait en retour décerné la légion d'honneur.

C'était la première fois durant sa longue carrière que sa Majesté se trouva en grève. Cette situation le plaçait dans un inconfort certain. Il se trouva pour l'unique fois de sa vie à défiler avec ses collègues dans la rue par un temps pluvieux. Ses godillots s'en trouvèrent usés, tout comme sa chaleureuse voix, qui à maintes reprises scanda des attaques véhémentes contre le gouvernement.

Relatant à ses élèves, les raisons de sa particapation au mouvement, il argumenta sur le danger potentiel des futures réformes, qui instaurereaient davantage de copinage au sein des universités. La sélection des enseignants se feraient désormais davantage au minois du client que sur ses réelles aptitudes. Se présentant à ses cours sans assumer ses leçons, il tenait à chaque fois un discours où il raillait "la vulgarité" d'un président idéologue qui méconnaissait ses dossiers.
L'évaluation et la formation des enseignants-chercheurs furent aussi la cible de ses pertinents persiflages.

Lulu 1er, passa ainsi du statut de courtisan à celui du frondeur, n'hésitant point à claquer la bise au délégué CGT des personnels d'entretien de la Sorbonne. Découvrant non sans excitation, le monde de la contestation, il troqua son complet veston pour une flambante salopette de tourneur-fraiseur des usines Renault. Jadis aristocrate à la figure pouponne, personnage précieux au ton châtié, il adopta une nouvelle physionomie qui en déconcerta plus d'un. Le crâne recouverte d'une casquette à carreaux, sa Majesté parlait désormais le langage du peuple. Il n'hésita point en pleine assemblée générale à saluer le président Moliné d'un affecteux "Coucou Biloute! Quand est-ce qu'on va y régler son compte à cet enfoiré de Sarko?".

Notre sérénissme altesse opérait un virage dangereux. Désormais revenu de ses idéaux convervateurs, il embrassait avec fougue la cause du progrès et de la classe ouvrière. Par cartons entiers, il éjecta de son domicile tout ce qu'il pouvait contenir comme éléments de culture bourgeoise, remplaçant Roland Mousnier par les écrits de Bakhounine, et la musique baroque par une intégrale de Jean Ferrat.

Désormais proche du peuple, en épousant ses causes et sa condition, sa Majesté délaissa l'enseignement de l'Histoire Moderne, pour organiser des colloques sauvages Place de la Sorbonne, appelant de sa belle voix chaude et rauque, le peuple à se révolter.

Grâce à "Monsieur Sarkozy", Lulu1er entama un virage idéologique qui aujourd'hui encore suscite la curiosité."

Le sieur de Molinié, la Sorbonne en lutte, Histoire d'un mouvement qui fit basculer Sarkozy, éditions Kropotkine.

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