jeudi 5 février 2009

Où il est démontré qu'un enseignant chercheur a parfois besoin de l'étudiant


Il serait bien hasardeux de porter atteinte à l'honneur des enseignants-chercheurs de nos universités. Il faut mesurer toute l'excellence dont ces gens sont faits. L'intelligence de cette corporation n'est plus à démontrer bien qu'elle souffre de nombreux vices, comme le repli narcissique, et une certaine arrogance vis à vis des gens singeant leurs travaux et non élevés dans le même sérail qu'eux.



Il se trouve que le gouvernement de notre bien aimé Talonnette 1er, s'est fixé comme objectif d'élever le rang déjà pourtant certain de nos universités. Arguant avec son tact légéndaire que face à la compétition mondiale, "il faut se sortir les doigts du cul", notre miniscule leader confia à la baronne Pécresse le soin de réformer l'enseignement supérieur.

Dame Pécresse était une femme au visage et au sourire délicat, à la voix douce et au regard de velours. Elle présentait une allure aristocratique, à l'entendre et à la voir, il était aisé de deviner que la secrétaire d'état avait grandi à l'abri de la misère.
Dès l'été 2007, Valérie fit adopter au Parlement la loi relative aux libertés et responsabilités de l'Université. Zélée ministre, elle fit face à la contestation émanant des étudiants, n'entendant rien concéder d'autre à ces derniers que du mépris.

L'objectif de cette réforme était clair. Il fallait concéder davantage d'autonomie aux universités, tout du moins à ceux qui en avaient la responsabilité. Désormais les facultés seraient gérées comme des entreprises, le président faisant office de manager, et toutes les autres personnes y évoluant de salariés zélés rétribués à leur seul mérite.

Au nom de la sacro-sainte "performance", il ne fallait point hésiter à faire rentrer des entreprises au conseil d'administration des facultés, les transformant de fait, en centre de recrutement à destination de salariés malléables et corvéables à souhait, dénués d'un sens critique et ce en rupture totale avec la tradition universitaire.

Les étudiants, dans leur majorité, menèrent la fronde contre la réforme avec une certaine fougue sans pourtant parvenir à obtenir son abrogation. Le corps enseignant se montra timide dans la contestation, hormis quelques héroïques médiévistes à l'accent rocailleux du Sud-Ouest.

Quelques temps plus tard, les enseignants chercheurs virent leur statut modifié par décret. La baronne Pécresse entendait soumettre la corporation à des évaluations plus drastiques quant à leur rendement, et à la placer davantage sous le contrôle des présidents d'université.
Nos amis poussèrent des cries d'orfraie. Devant le caporalisme de la ministre (imitant par là très bien son mentor lilliputien), et le fait que l'on modifiât en profondeur un statut édifié en 1984, ils se mobilisèrent pour lutter contre ce qu'ils estimaient comme une ineptie totale.

Même les universitaires les moins enclins aux idéaux progressistes rouspétaient devant cette disposition. Alors pour mieux faire pression sur la ministre et qu'elle renonçât à ses funestes desseins, nos puits de science firent appel aux étudiants, si prompts au chahut. Ces dernières obtempérènt et l'on peut voir encore aujourd'hui, des étudiants et leurs professeurs, bras dessus bras dessous, vitupérer contre cette bougresse de Pécresse.

A l'heure où votre serviteur écrit ces lignes, on ignore si la ministre va retirer son décret, et s'ouvrir aux revendications de nos têtes chercheuses.
La mobilisation bat son plein, attendons de voir si devant pareille fronde, l'autisme sera toujours de mise dans cette clique réactionnaire et dévoyée qui constituent notre gouvernement.

Là où le bât blesse, c'est qu'aujourd'hui les enseignants viennent quémander le secours des braves étudiants pour se faire entendre de la Versaillaise.
Lorsque les étudiants se mobilisèrent contre le Contrat Première Embauche ou dressèrent des barricades pour réclamer dès l'automne 2007 l'abrogation de la LRU, les professeurs renâclèrent à les suivre, affichant même une certaine morgue à une jeunesse privée d'avenir.

L'étudiant est en droit d'espérer que ce n'est pour pas de seules revendications leurs étant propres, que les enseignants chercheurs poussent l'étudiant à la grève.

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