mardi 23 juin 2009

Examen de conscience

Le tumulte passé, il fallut que les choses reprissent leur cours naturel.

C'est ainsi que notre vénérée institution en avait décidé.
Le ministère l'ayant sermonné comme on le fait pour un enfant turbulent, notre président, ce si fier militant, se vit contraint d'organiser une session d'examens pour les étudiants.

C'est ainsi qu'en conformité avec les conseils de l'université, fut préconisé d'organiser des épreuves raccourcies en raison des quinze longues semaines de chahut, afin de ne point trop pénaliser les étudiants.

On décida donc d'alléger le programme des révisions, qui devint rachitique. Fut aussi adoptée l'idée que la durée des examens serait sensiblement réduite.

Cinq semaines de cours plus tard, les étudiants étaient donc invités à plancher. Certains se réjouissaient de ce cas de figure, tablant sur une hypothétique indulgence du corps enseignant. D'autres craignaient que ce dernier n'en profitât pour taquiner les espérances béates de cette jeunesse tumultueuse.

Nous nagions une fois de plus dans des eaux absurdes. Mais comme nous y étions accoutumés, peu de voix s'élevèrent pour railler les palinodies du sieur Molinié, qui avait pourtant défendu une idée consensuelle, celle de la neutralisation.

On convoqua donc l'étudiant à potasser. Certaines épreuves où la durée n'excéda pas une heure furent houleuses, car à peine une idée fulgurante ayant chatouillé l'esprit, il fallait rendre copie, et céder la place à d'autres, qui étaient invités à partager le même sort.

Le taylorisme s'invita donc dans nos murs. On abattait des séries d'épreuves, comme on travaille à la chaîne, de façon industrielle, et sans intelligence.

Le plus important était que ce simulacre s'achevât dans des délais brefs.

Ceux des étudiants qui ricanaient à gorge déployée de ces absurdités furent confortés dans l'appréciation qu'ils portaient envers l'université. A savoir qu'il était temps que ce système ne tombât à terre. Et que s'érigent enfin des centres de savoirs largement accessibles, où l'on élevait les esprits, où l'on produisait autre chose que du bourgeois, ou du citoyen-chair-à-patrons.

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